Une jeune personne avait pour
habitude de colporter des ragots
et de médire sur les autres.
Un jour qu'elle confessait ce
qu'elle avait fait à un prètre,
ce dernier voulut lui faire
comprendre combien il est
difficile de réparer les suites
de cette détestable habitude.
"Mon enfant, lui dit-il, voici
votre pénitence:
Allez au marché, et vous
achetez-y une poule. Sortez
ensuite de la ville en déplumant
cette poule et ne vous arrêtez qu'après
avoir enlevé la dernière plume.
Le lendemain retournez au marché
et ramassez une à une toutes |es
plumes que vous avez semées la
veille sur votre chemin."
"Mais cette pénitence est
impossible ! s'écrie la jeune
fille. Comment pourrais-je
ramasser tant de plumes semées au
hasard et emportées par tous les
vents?"
"Eh bien, ma fille, il en est
de même de vos médisances : elles
circulent dans toutes les
bouches.
Les retirer est impossible,
n'est-ce pas?
Surveillez donc votre langue,
mon enfant; priez beaucoup pour
obtenir la grâce de vous corriger ;
et, quand vous êtes tentée de
médire, demandez-vous s'il vous
est possible de réparer le mal
que vous allez faire à votre prochain."
À chaque fois que j'ai été
témoin d'un évènement, les
compte-rendus que j'en ai lu dans
la presse étaient grossièrement
déformés. Quelquefois on pouvait
même lire le CONTRAIRE de ce dont
j'avais été le témoin.
Depuis, j'ai cessé de colporter
les ragots. Si une information
m'intéresse, je vérifie auprès
des témoins ou des acteurs
l'information de la bouche même
de ceux qui y ont assisté.